Au centre du village se trouvent les maisons et édifices communaux, le temple local, le pavillon public des réunions, le tour de cloche en bois (bale kul-kul), sans oublier le grand arbre sacré (banian) aux racines embrouillées sous lequel se mettent quelques hommes avec leur coq. À quelques distances du village, habituellement au fond du village, se situe le cimetière, un espace ouverte entouré d’arbres dans lequel se voient des tombeaux – mais ils sont tous éphémères. C’est ici où ont lieu les crémations des corps. Ce site abrite aussi un temple (pura dalem) dédié aux défunts. Globalement, le village balinais est ombragé, très bien entretenu. Les jardins aux fleurs colorées le long de la route et la manipulation communale de l’eau produisent un fort sentiment de sécurité et d’organisation ordonnée. Voila la description globale aperçue quand on visite un village balinais.
Sur le plan socioculturel, un village balinais est plus qu’un simple groupe d’habitations et de bâtiments publics. C’est vraiment le cœur de l’organisation sociale balinaise qui abrite une communauté religieuse attachée à quelques temples. Le nombre de temples auquel la communauté villageoise est reliée varie de village en village. Chaque membre de la communauté est obligé par la coutume de prendre part à l’organisation des fêtes et cérémonies des temples. Les habitants considèrent la terre comme un héritage des ancêtres fondateurs qu’ils vénèrent autant que des divinités locales. Tous les couples mariés appartiennent à une association de voisinage (banjar) qui veille à l’application de la loi coutumière (adat) réglementant la vie privée et se charge des rites funéraires et des cérémonies de mariage.
Vue de l’administration de l’État, Bali est l’une des 33 provinces de la république d’Indonésie, constituée de 8 régions (kabupaten), une municipalité (kota madya), quelques dizaines de districts ou bourges (kecamatan) et quelques centaines de villages administratifs (desa dinas). De cette structure administrative de l’État, Bali abrite deux types de villages : le premier, le village administratif qui est lié structurellement au système constitutionnel de l’état; le deuxième, c’est le village coutumier (desa pekraman ou desa adat) qui est autonome de nature. Le premier a été crée au départ par le gouvernement colonial hollandais après la conquête du sud de Bali en 1906 – 1908, alors que le dernier est l’organisation traditionnelle qui remonte au XIe siècle et établi en fonction des obligations coutumières et de l’attachement autour de ses temples. Compte tenu que les deux types de village sont établis avec différents concepts, ils ne sont guère congruents en termes du territoire et du nombre de population. Cet article se délimite pourtant à ce dernier car toute particularité et complexité de la culture, tradition et religion de Bali qui se distinguent des autres villages ou organisations de tout l’archipel sont associées, de manière directe ou indirecte, à cette ancienne organisation sociale balinaise.
L’administration des villages balinais.
Les villages balinais sont administrés par un conseil qui s’appelle "krama desa" composé de tous les foyers aux conjoints mariés. Tous les cinq ans ce conseil élit l’un de ses membres comme chef du village (bendesa ou klian desa) et se réunit dans le pavillon communal (bale agung) une fois par mois. Toutes organisations de la vie du village, fêtes et cérémonies des temples, etc. sont réglementées par une palette de lois coutumières convenues au village (awig-awig desa). Aujourd’hui, toutes les lois coutumières de Bali sont revues et adaptées aux sources du droit national et aux droits de l’homme. C’est ainsi qu’aucune décision prise n’est pas appuyée sur la délibération démocratique. Il arrive que le conseil administre des sanctions à l’un ou plus de ses membres en violation de la loi coutumière.
Les grands villages et les villes importantes (Denpasar, Sanur, Kuta, Ubud et autres) sont découpés en quelques petites associations de voisinage, et celle-ci s’appelle " Banjar ". Comme tous les villages, ces circonscriptions possèdent également toutes les caractéristiques administratives des villages, chacune avec ses temples, son conseil, son pavillon, sa fête et cérémonie de ses temples. Et c’est ainsi que l’organisation villageoise est universelle à Bali jusque dans la capitale provinciale de Denpasar.
Dans le but de préserver la culture et les traditions locales contre le développement intense du tourisme à Bali, et aussi grâce à l’autonomie régionale mise en place par le gouvernement indonésien depuis une quinzaine d’années, l’orientation de développement à Bali a été changée pour être plus durable et tournée plutôt vers les villages coutumiers. Le corolaire est qu’il y a de plus en plus de nouveaux villages coutumiers (desa pekraman) qui ont été établis dans chaque région à Bali, et aujourd’hui, dans un territoire d’un seul village administratif se trouvent plusieurs villages coutumiers. Malgré les caractéristiques communes partagées par tous les villages coutumiers sur l’ile, il y a de nombreux éléments et coutumes qui ne se trouvent vraiment que dans certains villages, et à Bali ces variantes spécifiques à une certaine communauté au sein d’une structure culturelle plus large sont souvent dénommées « desa mawa cara » (coutumes spécifiques à certains villages) qui méritent une préservation consciente de l’autorité balinaise.
Les aristocrates balinais restent habiter dans leur palais (puri) situé à l’intérieure des villages. Ces vastes complexes d’habitation sont protégés d’un mur d’enceinte avec deux ou trois portails donnant accès à l’intérieure. Comme un village miniature, cette habitation contient les maisons des divers membres et branches de la famille, chacune avec son jardin et ses murs de séparation. La société rurale de Bali ne possède pas de classe moyenne proprement dit. En générale, cet état est occasionné par la tendance que les hommes d’affaires, les entrepreneurs, les boutiquiers et travailleurs indépendants préfèrent habiter en ville comme Denpasar et ses banlieues.
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